Grossesse : je surveille mon assiette

Pesticides, hormones, métaux lourds s’invitent de plus en plus souvent de vos assiettes, et malheureusement, ces substances peuvent avoir des effets bien indésirables sur votre futur bébé.

Pour bien manger enceinte et en toute sérénité, le Dr. Dominique Rueff, spécialiste en nutrition, fait le point.

Pesticides et herbicides, les ennemis numéro 1 de votre assiette
Où les trouve-t-on ?

Les pesticides et autres herbicides sont utilisés par l’industrie agroalimentaire depuis les années 50 pour améliorer la productivité. Ils sont pulvérisés sur les plantes et les sols et se retrouvent donc sur la peau des fruits et des légumes après la récolte. Ils sont aussi présents sur les céréales ou dans les produits d’origine animale (viande, lait, œufs) issus d’animaux ayant consommé des végétaux traités. « On retrouve également une quantité non négligeable de pesticides dans l’eau du robinet et même dans l’eau en bouteille », ajoute le Dr Rueff. En bref, les pesticides sont présents un peu partout dans votre alimentation. 

Les risques :

Même si les pesticides sont présents en quantités très négligeables dans l’alimentation, le principe de précaution s’impose, surtout quand on est une future jeune maman. L’explication : « Ces substances agissent comme des perturbateurs endocriniens… On ne connaît pas tous leurs effets sur le long terme, » rappelle l’expert. De plus, selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie(1), les enfants dont les mères ont été exposées durant leur grossesse aux pesticides organophosphorés (des insecticides toxiques), seraient plus susceptibles que les autres de développer des troubles de l’attention, notamment les garçons, dès l’âge de 5 ans. Et d’après les résultats de plusieurs autres études (2), l’exposition prolongée aux pesticides chez la femme enceinte favoriserait aussi le risque de certains cancers. En un mot : prudence, même si les risques restent très limités.

Les métaux lourds, à surveiller pour les amatrices de poisson
Où les trouve-t-on ?

Plomb, cadmium, mercure : les métaux lourds contaminent notre alimentation via la pollution industrielle de l’environnement. En première ligne : « les gros poissons (thon, espadon, marlin, daurade) sont particulièrement vulnérables au mercure en raison de la contamination des océans et des mers », explique le Dr Rueff. Le cadmium, quant à lui, peut se retrouver dans les abats ( notamment dans les rognons) ou les fruits de mer. Le plomb était généralement présent dans l’eau du robinet ayant transité par des canalisations en plomb. Heureusement, le remplacement des installations dans les maisons a eu pour effet de réduire très largement l’exposition à ce type de polluant.

Le risque :

Les métaux lourds, absorbés en grandes quantités, peuvent représenter un danger pour votre futur enfant. Le système nerveux central du fœtus est en effet particulièrement sensible à l’action toxique du mercure. Il peut donc entraîner des retards de développement neurologique chez l’enfant.

Absorbé en quantités élevées, le plomb pourrait de son côté augmenter les risques d’accouchement prématuré et entraîner un ralentissement de la croissance, des troubles du comportement tels que l’hyperactivité, des difficultés d’apprentissage…

Les hormones, grandes consommatrices de viande, attention !
Où les trouve-t-on ?

Les hormones sont utilisées pour l’élevage intensif : elles permettent d’obtenir des animaux résistants et de grosse taille. Elles sont présentes dans les volailles, les viandes mais aussi dans le lait et les œufs issus d’élevage utilisant des hormones de croissance.

Le risque :

Comme les pesticides, « les hormones présentes dans l’alimentation sont des modificateurs endocriniens », souligne le Dr Rueff. « Elles peuvent provoquer des troubles de la maturation sexuelle chez l’enfant et augmenter le risque de stérilité à l’âge adulte ».

Manger en toute sécurité, c’est possible

Avant tout, pas de panique ! Sachez que seule l’ingestion répétée de ces substances augmente le risque de porter atteinte à la santé de bébé. Et il existe des solutions simples pour limiter son exposition.

Au moment des courses :

Privilégiez l’alimentation biologique, n’utilisant ni pesticides, ni hormones. A défaut, optez pour des produits « propres », comme le suggère le Dr Rueff : végétaux issus de l’agriculture raisonnée, produit fermiers, Label Rouge, etc…

En cuisine :

Lavez minutieusement vos fruits et légumes pour les débarrasser des substances restantes et épluchez-les s’ils ne sont pas bio.

Modérez votre consommation de poisson (2 portions par semaine), en privilégiant les poissons gras de petite taille comme le hareng ou la sardine. « Leur consommation est intéressante d’un point de vue nutritionnel, rappelle le Dr Rueff. Ils permettent d’apporter des protéines et des omégas 3 importants, notamment chez la femme enceinte ».

A noter aussi :

Les poissons d’élevage ne sont généralement pas atteints par la pollution aux métaux lourds. Veillez donc à bien lire les étiquettes et pendant votre grossesse, à ne pas acheter des poissons « sauvages »!

Evitez de consommer des abats (foie, reins, rognons) et des fruits de mer.

Buvez de l’eau filtrée magnétisée (plus pure que l’eau du robinet ou que l’eau en bouteille).

A noter toutefois :

il y a peu de risque s d’être exposée au plomb par votre consommation d’eau.

Article écrit en collaboration avec les nutritionnistes de l’Hôpital Antoine Béclère de Clamart et le Dr Dominique Rueff, spécialiste en nutrition et président de l’Association pour le Développement de la nutrition Orthomoléculaire.